L'ONG béninoise, Eco-Bénin, en collaboration avec l'association belge Altervoyages, a obtenu de Wallonie Bruxelles International (WBI), un financement de 10.000 euros pour travailler à la mise en place de chèques vacances.
Le Bénin compte parmi les pays les plus attractifs d'Afrique de l'Ouest et dispose de nombreux atouts :
- une culture riche et variée liée aux différentes ethnies présentes sur le territoire,
- les arts et la civilisation Vaudou
- les vestiges et la mémoire de la traite négrière à Ouidah
- les palais royaux d'Abomey et leurs sites archéologiques qui datent de plusieurs millénaires
- les plus grands parcs animaliers d'Afrique de l'Ouest (Pendjari et Parc Régional W)
- la plus grande cité lacustre d'Afrique (Ganvié)
- les cités balnéaires et lagunaires
Bien que le pays dispose en outre d'une situation politique stable et de bonnes conditions sanitaires, c'est une destination qui est encore méconnue des voyageurs internationaux. Ces dernières années on constate une relative stagnation des chiffres de fréquentation des sites touristiques tant sur le plan du tourisme en général (250.000 visiteurs en 2015) que pour le tourisme éco-responsable. Par contre, en interne, le réservoir potentiel de voyageurs béninois est immense car la concentration de population dans les grandes villes a tout doucement éloigné le béninois moyen de sa propre culture et des réalités du milieu rural. Le défi principal réside donc dans le fait d'inciter ce béninois moyen, établi dans les villes à redécouvrir son pays. Mais bien qu'une classe moyenne semble émerger, la majorité de ses membres bénéficient encore d'un pouvoir d'achat trop faible pour partir en vacances sans encouragement. C'est dans ce contexte que l'ONG béninoise, Eco-Bénin, en collaboration avec l'association belge Altervoyages, a obtenu de Wallonie Bruxelles International (WBI), un financement de 10.000 euros pour travailler à la mise en place de chèques vacances. Il est ici question de créer un mécanisme incitatif afin de faire voyager les nationaux et plus particulièrement la classe moyenne (les salariés et les fonctionnaires). Eco-Bénin envisage deux types de mécanismes :
Un mécanisme incitatif : Il s'agit ici de faire bénéficier aux salariés et fonctionnaires de produits touristiques entièrement financés par l'employeur. Ces produits sont vendus sous formes de chèques (déjeuners, vacances, fêtes) aux employeurs qui les donnent à leurs salariés pour les récompenser de leur travail.
Un mécanisme « chèques pour tous » : Les chèques sont ici financés conjointement par le salarié, l'employeur et d'autres bailleurs de fonds (l'Etat ou le secteur privé). Les chèques vacances sont mis à disposition des salariés et ceux-ci s'acquittent d'une participation. Ce mécanisme repose préalablement sur une enquête qui vise à établir la contrainte budgétaire des différentes parties (employeurs, salariés et tiers). Pour développer l'initiative, Eco-Bénin créera un département « chèque pour tous » qui a pour mission de trouver un (ou des) bailleur(s) de fonds pour financer la différence entre les coûts des produits et le prix duquel les parties sont prêtes à s'acquitter. Le produit touristique vendu à l'employeur sous forme de chèque, sera financé à 50% par l'employeur, à 40% par le salarié, et à 10% par une tierce partie. A cette fin, le Ministère du Tourisme et le secteur privé seront sollicités.
Un mécanisme Win-Win :
Le point fort du projet est que toutes les parties prenantes sont gagnantes. En voici les différentes raisons classées selon les catégories d'acteurs.
L'employeur: - Achats et dons des chèques aux employés rentrent dans la catégorie « dons et libéralités » du Code général de l'Impôt et est déductible de l'Impôt sur les Sociétés (déduction plafonnée à 0,1% des produits encaissables). Cette récompense donnée aux salariés devrait accentuer sa productivité, son bien-être au travail et la qualité de celui-ci. Par ailleurs, cette approche s'inscrit dans le développement de la démarche RSE (Responsabilité Sociale de l'Entreprise) et permet aux entreprises de se distinguer sur un marché concurrentiel et d'attirer à lui des travailleurs plus compétents.
Les salariés : - Accès à des produits touristiques à faible coût ou sous forme de dons, auquel ils n'accéderaient pas sans ce mécanisme
- Satisfaction de besoin secondaire : amélioration de l'estime de soi et du bien-être au travail
- Enrichissement personnel à travers la découverte ou redécouverte de sa culture et de ses traditions.
Le promoteur touristique - Hausse de la fréquentation de leur établissement.
- Cercle vertueux qui permet le développement de nouveaux projets d'avenir et de nouveaux investissements.
Les communautés locales - Bénéficiaires directs des retombées économiques par l'achat de produits locaux, de repas, des hébergements.
- Bénéficiaires indirects : une partie des activités proposées par les séjours concerneront leurs problématiques : sensibilisation à la protection de l'environnement, sensibilisation à un développement économique durable.
L'Etat, ou la communauté nationale - S'inscrit dans le cadre du PAG (Programme d'Action Gouvernemental) 2021 concernant le développement des infrastructures touristiques.
- Incitant à la croissance économique locale durable.
Outre une dimension sociale et humaine visant à faire voyager des personnes qui ne le feraient pas sans ce mécanisme, ce projet vise à proposer à moindre coût des services de qualité, accessibles à tous et pour finalité sous-jacente, la sensibilisation à la préservation de l'environnement.
Sabrina Urrutia - ISTO
19-12-2019